Qui ne s’est jamais demandé face à un produit avec des allégations « fabriqué en France » ou « made in France » ce qui est vraiment requis pour pouvoir le revendiquer?
La question se pose d’autant plus que l’on voit aussi fleurir des « transformé en France », « conçu en France », « produit français » quand ce n’est pas un drapeau bleu blanc rouge qui se glisse sur les emballages et étiquettes etc etc
Ce que dit la règlementation
C’est le Code des Douanes qui définit réglementairement les mentions « Fabriqué en France » ou « made in France ». Elles doivent répondre à 2 critères indissociables :
- La dernière étape de « transformation substantielle » du produit doit être réalisée en France
ET
- 45% du prix de revient unitaire du produit doit être acquis en France
Et ce ET est trop souvent oublié à la fois dans les interprétations que l’on en lit et dans certaines pratiques a priori. Car même quand les règles sont là, leur supervision n’est pas toujours aisée…
Un exemple dans le textile ?
Au sens règlementaire la dernière étape substantielle ne peut pas être juste le fait de coudre les boutons d’une chemise sur le sol français, comme on peut l’entendre parfois, sauf à démontrer que cette étape constituerait à elle seule 45% du prix de revient unitaire du produit. Pas simple…
Prenons l’exemple d’un pull :
- Un pull tricoté en France avec un fil importé pourra porter la mention « fabriqué en France » si par ailleurs 45% du prix de revient final est acquis en France. En d’autres termes au sens règlementaire, un pull dont le prix de revient est de 100€ peut être présenté comme un pull made in France s’il est tricoté en France car la dernière étape substantielle de la transformation est bien le tricotage, ET si 45€ au moins sur les 100€ de prix de revient sont adossés à une ou des étapes de production sur le sol français.
- En revanche un pull tricoté en Italie avec un fil made in France lui ne pourra pas l’être puisque la dernière étape de transformation substantielle qu’est la confection n’a pas lieu en France.
On peut évidemment s’interroger sur la raison pour laquelle la règlementation porte sur la dernière étape de transformation et pas sur toute la chaine de valeur. On peut aussi se demander pourquoi 45% du prix de revient du produit ? Les réponses à ces questions, nous ne les avons pas. Voilà en tout cas la réalité qui devrait être derrière chaque allégation, pictogramme ou autre mention revendiquant une fabrication en France.
Ce que l’on peut vous partager en revanche, c’est la manière dont nous avons travaillé le made in France à l’échelle de imaye.
En quoi un pull imaye est made in France ?
Ce qui fait de imaye est un pull fabriqué en France, c’est bien le respect des 2 critères évoqués plus haut :
- la dernière étape substantielle de transformation du produit - le tricotage- est réalisée en France
La volonté de tricoter en France était ancrée à la genèse du projet imaye. Nous avons la chance d’avoir encore quelques tricoteurs en France. C’est vers eux que nous nous sommes tournées avec Claire, styliste du projet. Et nous avons eu la chance de faire de belles rencontres. Arman et son équipe nous ont donné notre chance en acceptant de travailler avec une jeune marque qui se lance. Et c’est grâce à cela que nos pulls imaye sont tricotés en France.
- plus de 45% du prix de revient d’un pull imaye est acquis en France : cela ne concerne pas que l’étape de tricotage mais aussi les étapes amont et avales du projet. La conception et le stylisme ont été réalisés entre Lyon et Paris, les éléments de finitions comme les étiquettes et les boutons sur les modèles qui en comportent sont sourcés en France à l’exception des étiquettes tissées avec la griffe de le marque qui viennent d’Italie.
A chaque fois que les critères de qualité et de disponibilité étaient remplis, le choix du local au sens territoire national s’est imposé, pour tous les besoins du lancement de la marque et de l’entreprise.
Car à la genèse d’imaye l’ambition était posée de travailler localement sur toute la chaine de valeur.
Sur toutes les étapes clés de la conception nous nous sommes donc challengées avec Claire pour identifier un sourcing par défaut en France. Mais cela n’a pas toujours été possible…
Le dilemme du choix de la matière première
C’est une étape clé dans un projet d’éco conception et c’est aussi LE casse tête sur un projet textile, il n’y a qu’à faire un petit tour d’horizon de la production des matières textiles.
Et voilà un sourcing que nous n’avons pas réussi à faire en France pour cette 1ère collection.
Il existe bien sûr des producteurs de laine en France et il y a un travail engagé pour faire revivre une filière locale de laine comme le fait Collectif Tricolor. Mais il n’est pas si facile de se passer des savoir faire du Portugal et de l’Italie dans le textile quand on croise tous les critères d’un cahier des charges.
Un cahier des charges pour sourcer une matière première ce n’est pas qu’une origine géographique, ce sont aussi des exigences de composition, de qualité et de disponibilité de cette matière, des contraintes de prix. Et pour cette première production, c’est chez un filateur italien que nous avons trouvé un fil qui répondait à toutes nos exigences dans les quantités requises : une composition de matières exclusivement naturelles, un toucher doux et un fil peu volatile, des couleurs éclatantes.
Ce filateur teint et transforme avec soin des fibres de grande qualité : un mohair origine Afrique du Sud qui est le 1er producteur mondial de mohair. il s’agit d’un mohair tracé dont on connait les pratiques responsables de l’éleveur en matière de bien-être animal et de méthodes d’élevage. Ce mohair est associé à de la soie d’origine Asie, le berceau historique de la soie, la soie venant gainer le mohair pour qu’il soit moins volatile.
Pourquoi nous inscrire dans le made in France autant que possible ?
Nous croyons au bénéfice de produire au plus près des marchés.
Cela donne de l’agilité : les temps de réapprovisonnement ne mettent plus des semaines à rejoindre leur marché par bateau, les quantités commandées peuvent être mieux ajustées. Cela évite une production excessive pour couvrir des risques de ruptures, le cauchemar du business.
J’ai souvent entendu ce n’est pas le fait de produire loin qui augmente l’empreinte carbone car le transport ne représente qu’une faible part de l’impact d’un vêtement. C’est oublié l’immense gaspillage de vêtements générés par la production de masse. Et c’est aussi minimiser que le mix énergétique en France est relativement plus favorable car nos usines sont alimentées par des énergies relativement moins carbonées.
L’UIT (l’Union des Industries du Textiles) a d’ailleurs pu établir via une étude publiée début 2021 que chaque kg de textile produit en France réduit de moitié notre empreinte carbone vs une production en Asie.
Mais ces choix en faveur du made in France sur un maximum de points de la chaine de valeur ne sont pas jamais faits isolément chez imaye. La qualité occupe une place toute aussi importante dans nos standards d’action. Le chemin sur lequel nous voulons avancer est un chemin où on privilégie la fabrication française, mais sans jamais se départir de l’exigence de qualité.
Développer des produits de qualité, c’est aussi une des clés de la durabilité de tout ce que l’on consomme